BUNNY et tous ses amis


LES PRODUCTIONS DE LA WARNER BROS.

La société créée par les frères Warner en 1923 va devenir un des plus gros producteurs cinématographiques du monde. Ils doivent d'ailleurs l'un de leur premiers succès à un animal, le chien Rin Tin Tin. Plusieurs années plus tard la Warner se lance dans le dessin animé par l'intermédiaire du studio de Hugh Harman et Rudolf Ising, deux anciens de chez Disney. En 1930 les spectateurs découvrent le court métrage "Sinkin' in the bathub" avec le personnage de Bosko, film considéré comme le premier des Looney Tunes. Bosko, un petit black à chapeau melon, va connaitre la notoriété pendant trois ans, remplacé ensuite par Buggy, un sosie, pour une histoire de droits comme il en existe tant aux États Unis.

1937, Daffy apparaît dans "Porky's duck hunt"
La particularité des Looney Tunes et des Merrie Melodies, qui sont à l'origine des dessins animés musicaux, est que la plupart des personnages sont des animaux anthropomorphes. Ainsi le premier d'entre eux, Porky Pig, créé par Ising et Harman, apparaît avec le chat Beans dans le court-métrage "I Haven't got a hat". Plus tard ce seront Daffy Duck (1937) puis Bugs Bunny (1940), deux stars des studios, créés par une équipe dirigée par un certain Tex Avery. Ils sont nombreux à suivre, on les connaît bien, tellement ils sont devenus des icônes de la télévision. Petunia la compagne de Porky, Tweety Bird et Sylvester (Titi et Grominet), le bouledogue Hector, Beep Beep Road Runner et Wile Coyote (Bip-Bip et le coyote), l'ouragan de Tasmanie Taz, Speedy Gonzales la souris la plus rapide du Mexique, le coq Forghorn Leghorn, Pepé Le Pew, pour ce qui concerne notre rubrique. Mais n'oublions pas Elmer Fudd, Yosemite Sam, Marvin the Martian et autres, des humains (sauf le martien), qui ne font guère de cas de tous ces animaux causants.

Planche attribuée à Tom McKimson (LT&MM #36, 1944)
Stars des pellicules, ils deviendront également personnages de papier, adaptés en comic book et comic strips pour certains, que l'on retrouve en France dispatchés dans divers titres. Et c'est ce à quoi nous nous intéressons ici.
Chez nous, c'est sans conteste Bunny qui a connu le plus de succès. Aux States, il commence sa carrière BD comme beaucoup de ses collègues en 1941, dans le premier n° de 'Looney Tunes & Merrie Melodies', un comic book édité par l'inévitable Dell.

Planche de Buettner et Stoffel, 1947

Ce grand amateur de carottes et de farces est un lapin (et non pas un lièvre, bien que parfois le rabbit devienne un hare) longiligne, deux bonnes incisives et de longues oreilles, une queue en panache et deux gros panards, enfin des mains à quatre doigts gantés, comme il se doit. De son regard ressortent malice et bonne humeur. Et c'est ce qu'il est. Un gaillard enjoué, optimiste et débrouillard, qui ne s'en laisse pas compter, se sortant indemne de toutes situations. C'est Chase Craig, membre du staff de Tex Avery, qui lui donne son aspect physique, qui ne manquera pas d'évoluer au fil des cartoons.

Planche due à Chase Craig, 1942.

A noter, l'indication by Leon Schlesinger, qui est le producteur des Looney Tunes et des Merrie Melodies pour les frères Warner.


Le premier numéro de LT&MM en janvier 1941
La première histoire est une adaptation du court-métrage "A wild hare", écrite par Lloyd Turner et dessinée par le vétéran Win Smith (premier dessinateur du daily strip "Mickey Mouse" avec Ub Iwerks en 1930). Mais évidemment, les ressorts d'un cartoon, basés sur le mouvement qui amène des gags visuels, ne sont plus de mise en BD. Et donc très vite les récits de Bunny développent leurs propres codes, ce qui entraine une valorisation de sa personnalité. Notre lapin se tourne ainsi volontiers vers l'aventure plus classique, où ses qualités ou défauts sont mis en exergue.

A la différence des dessins animés, les Looney Toons se croisent dans les récits BD, apparaissent les uns chez les autres, sur du long terme ou pour une aventure, formant un véritable clan. Et selon les occasions de nouveaux personnages sont créés, au gré des auteurs. Le comic book 'Looney Tunes & Merrie Melodies' va paraître sur 246 sorties jusqu'en septembre 1962. Autant dire que les variations sont nombreuses...

Planche de Roger Armstrong, datée de 1943. Bunny a encore la face aplatie de ses débuts

'Bugs Bunny' #28, le premier de la série (1953)
Dell publie également des histoires des Tunes dans sa fameuse collection 'Four Color', et l'éditeur offre à plusieurs personnages son propre titre (Daffy, Bunny, Sam, Porky...). Concernant le lapin, le comics 'Bugs Bunny' démarre au n°28 en 1953, et sous les labels Gold Key puis Whitman, dure jusqu'en 1980, sans omettre les numéros spéciaux, les Giant, les 'Bugs Bunny monthly' (DC), les 'Bugs Bunny Magazine' etc.

Surtout Bunny est développé en comic strip pour les journaux à partir de 1942, distribué par le Newspaper Enterprise Association, paraissant tout d'abord en sunday page, puis ensuite en daily strip. Les autres Looney Tunes n'auront pas cet honneur, mais apparaitront régulièrement aux cotés du lapin.
Plusieurs auteurs s'emploient à faire vivre Bunny en cases, pour les journaux. Chase Craig, Roger Armstrong, Carl Buettner, Tom McKimson, le scénariste Al Stoffel, et le plus connu en France, Ralph Heimdahl. C'est lui qui lance le strip quotidien en 1948, et y restera attaché plus de trente ans. Il réalise aussi de nombreuses couvertures pour les comic books.
Plus tard, des dessinateurs comme Tony Strobl, John Carey, Phil DeLara prennent le relais.



Reprise de strips de Heimdahl en une du n° 52


En France Bunny apparaît en BD dans de nombreux titres. Il est présent dès le premier numéro de la nouvelle série de L’INTRÉPIDE, en novembre 1949, Cet hebdomadaire de Cino Del Duca le publiera jusqu'en 1956, d'abord sous le titre "Les exploits de Babinet" (d'où sort ce nom ?). Il reprend son nom américain Bugs Bunny un an plus tard. En 1958 un autre hebdo maison HURRAH ! (et le quotidien 'Paris-Jour') publie la bande épisodiquement. Il s'agit là de reprises du comic strip dessiné par Heimdahl.  La suite se déroulera chez la Sagédition. Dans son excellent blog http://conchita.over-blog.net/ Fabrice Castanet précise que Bunny disparaît de la première page de L'INTREPIDE en 1954 alors que paraît chez PEI (Périodiques et Editions Illustrés, filiale de la Sagé) le titre 'Bunny Mensuel Comique'. Un arrangement entre les deux éditeurs, certainement.
Les frères Dupuis accueillirent également Bugs dans leur journal SPIROU, en 1950. Mais il n'y figurera qu'une année, faisant place aux créations des protégés de Jijé.

Après 20 parutions le mensuel disparaît en 1956 pour laisser la place à l'hebdomadaire 'Bunny Magazine' (52 n°), qui ne dure qu'un an. Apparaît ensuite un mensuel de petit format (62 n° de février 1957 à mars 1962), suivi d'une autre série bi-mensuelle petit format 'Bugs Bunny' (jusqu'en 1968). Parallèlement la Sagé lance un trimestriel 'Bunny Magazine Géant' (47 n°, de septembre 1957 à novembre 1969). Ajoutons, toujours pour Sagédition, une collection dite mini-géante de plus de 220 parutions (jusqu'en 1987), une série 'Bugs Bunny Magazine Géant' (de 1970 à 1984), des recueils, des hors-série, des spécial jeux etc. Puis d'autres éditeurs prennent le relais, Tournon-Egmont, Whitman, Cyber Press, Panini (2008-2010)... Bunny et les Looney Toons occuperont l'espace des publications pour jeunesse sans interruption depuis les années 1950 jusqu'aux années 2000.

Voici une histoire complète en 3 pages de Bunny parue dans le n° 9 de BUNNY MAGAZINE de mars 1956.



Bien sur ces périodiques ne sont pas consacrés aux aventures seules du malin lapin, on y retrouve la plupart des Toons de la Warner. Et de même des Bugs Bunny se retrouvent dans les pages d'autres supports. Ce sont des bandes issues des publications de la Western/Dell et autres éditeur de comic books, traduites de façon plus ou moins bonnes, enchainant le pire et le meilleur.

Extrait de "La musique adoucit les mœurs" (mensuel TITI n°122, février 1984)
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Notons que le SPIROU n°2748 de décembre 1990 offre la vedette à Bunny pour ses 50 ans de délire. L'hebdo de Marcinelle a accueilli des gags du héros aux grandes oreilles en 1950. Dans ce numéro figurent plusieurs gags d'auteurs maison, un mini-texte qui nous apprend que la vedette est bien un lapin, mais peu de délires dans ce mièvre hommage du rédac'chef de l'époque Patrick Pinchart. D'autres auraient pu faire beaucoup mieux. Cette planche de Ers et Dugomier est la seule à s'approcher de l'esprit cartoon d'origine.


On peut préciser que des gags de Bugs Bunny ont paru ça et là, notamment en 1976 dans TRIO/LES PIEDS NICKELÉS MAGAZINE dirigé par Raymond Maric.
Dans une prochaine page on se penchera sur les cas autres Looney Toons...

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