Des Pingouins pas manchots


Alfred et ses congénères par Saint-Ogan

Delambre, LE CANARD ENCHAINE, 1er août 2018
Depuis quelques années on remarque une attirance certaine par quelques auteurs pour les alcidae et autres spheniscidae. Est-ce lié au problème du changement climatique, dont les habitants animaux des pôles sont devenus le symbole ? C'est vrai pour notre époque, mais beaucoup moins pour les BD plus anciennes.
Ours blancs, phoques, morses, pingouins et manchots sont présentés comme les victimes directes du dérèglement climatique qui provoque une fonte des glaces polaires, leurs lieux de villégiature.
Mais généralement leur cas est traité sur le ton de l'humour, notamment concernant les palmipèdes pré-cités, dont l'allure et la démarche prêtent à la galéjade. De plus, ces espèces appartenant à la catégorie des oiseaux, sont par opposition inaptes au vol.
Pingouins et manchots sont devenus incontournables, certains accédant au statut de vedettes. Il faut dire que des oiseaux qui se tiennent sur leur pattes prêtent rapidement à l’anthropomorphisme. D'où peut-être leur succès auprès des bédéistes ?

Wazem - Le pingouin volant

Salma, SPIROU n° 3550
Une précision quand au nom de ces bestioles. On a tendance à employer la dénomination pingouin pour désigner l'ensemble des variétés, et cela est nettement répandu dans le milieu de la BD, alors que scientifiquement ce terme concerne les oiseaux de la famille des alcidés, comme le Petit Pingouin et le Grand Pingouin. Manchot désigne plus précisément les espèces de la famille des sphenisciformes, dont le plus connu est le Manchot Empereur, mais à laquelle sont également rattachés les gorfous.
Pour les distinguer plus facilement, les premiers vivent dans l'hémisphère nord, tandis qu'on retrouve les seconds dans les pôles australs.

D'ailleurs pour mieux comprendre, voici trois pages extraites du SPIROU n° 2927 de mai 1994 qui nous aideront à bien faire la différence entre pingouins et manchots. Deux illustres collaborateurs-chercheurs de l'époque, Fritax et Mandryka, s'évertuent à éclairer nos lanternes.



C'est clair pour tout le monde ? Bien, poursuivons...
© Spirou Éditions Dupuis 1994


Et pour entame, ce brave papa qui enseigne son petit en une mise en scène théâtrale, due à Raymond Reding. Cette couverture du n° 434 de TINTIN daté du 14 février 1957 annonce un récit court intitulé "Le gentleman du pôle", réalisé par L. Haché, qui nous conte la vie du navigateur Jean Charcot. Et d'où est extraite cette vignette :


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Le bonjour d'ALFRED


Le premier de ces oiseaux du froid a intégrer la bande dessinée va connaître un destin particulier. Dès son apparition aux cotés de deux garçons aventuriers il devient la coqueluche des jeunes lecteurs. Il s'agit bien entendu d'Alfred, la mascotte de Zig et Puce.

Pourtant leur rencontre ne se déroule pas au mieux. Alors qu'ils font route vers l'Amérique pour faire fortune, les deux amis se retrouvent accidentellement au Pôle Nord. Face à eux, un pingouin les observe, tout autant étonné que les garçons. Affamés, Zig et Puce tentent de l'attraper pour le manger en rôti ! Mais le palmipède plus rapide leur échappe, et malgré tout, leur rapporte un beau poisson pour déjeuner. Les deux amis décident alors de l'adopter, et le baptisent Alfred. Désormais le duo devient trio. Cela se passe dans les pages du DIMANCHE ILLUSTRÉ, nous sommes en 1925, la bande est signée Alain Saint-Ogan.


Le pingouin décide de suivre les deux garçons, qui au départ l'utilisent essentiellement pour assurer leurs subsistances. Quelques semaines plus tard, le trio est débarqué au Japon, et Alfred lâche sa première bulle, alors qu'il restait muet auparavant (Saint-Ogan ne lui prêtant que des étonnements ou interrogations). Puis il affirme son caractère lorsqu'il s'en prend à un chien. Alfred fait de son mieux pour assister Zig et Puce dans leur souci de devenir riches, mais parfois ses gaffes mettent à bas les tentatives.


Saint-Ogan s'est évertué à représenter un Alfred proche de son état réaliste, ce qui laisserait penser qu'il s'agit d'un alca impennis (Grand Pingouin), au bec noir et au corps rondelet et allongé *. Mais cette espèce qui vivait dans les eaux de l'Atlantique Nord a été décimée à la fin du XIXème siècle. Alfred en serait donc l'unique rescapé.
Outre son aspect, l'auteur respecte une autre caractéristique du pingouin. Alfred n'utilise jamais ses ailes comme des bras. S'il doit attraper un ustensile ou un objet quelconque, il le fait avec son bec. On est loin de l'anthropomorphisme gestuel.

* Dans la postface du second volume de la réédition Glénat, Dominique Petitfaux affirme qu'Alfred serait graphiquement un manchot, et donc devrait se trouver en Antartique. A comparer des photos, il ne semble pas.

En cela il n'occupe qu'une place subalterne dans la bande, même s'il fait montre d'une intelligence supérieure et a le don de comprendre les paroles de ses maîtres. Ils les suit quelles que soient les circonstances, s'exprimant en de très rares occasions. Parfois Saint-Ogan lui réserve quelques scènes, où il joue à merveille de son personnage en des gags visuels, à l'instar d'un Charlot, dont la démarche n'est guère éloignée. Et comme un vrai s'il doit attaquer un chien, le voila qui allonge son cou vers l'avant, tout en menaçant de son bec sa victime.

Excellente mise en cases d'un gag, tout en mouvements

Si les aventures de Zig et Puce rencontrent le succès auprès du lectorat, leur mascotte de pingouin va être propulsé au firmament des stars de l'entre-deux-guerres. Dans son livre "Je me souviens de Zig et Puce et de quelques autres", Saint-Ogan décrit comment Alfred devient Fétiche National, par l'entremise d'un manager anglais. On le confectionne en poupée, en bijoux, des aviateurs (les grands héros de l'époque) tels Nungesser et Coli, ou Marcel Doret l'adoptent comme porte-bonheur, on remet un Alfred à Lindbergh à son arrivée à Paris. Les vedettes du music hall et du théatre Joséphine Baker, Mistinguett, Yvonne Printemps, Jeanne Renouard s'entichent du fétiche. Le pingouin monte même sur les planches, notamment dans la revue "T'as le bonjour d'Alfred". Cette expression émane d'ailleurs de la BD, car c'est ainsi que Zig et Puce ponctuent une action où ils viennent de se débarrasser d'un importun.
Et dans les rues on chante :
" Alfred, Alfred, Alfred !
C'est le nom de mon joli pingouin.
A tous il vient en aide.
C'est un petit malin,
C'n'est pas un imbécile.
Ce pingouin la connaît dans les coins,
Tout devient très facile.
Grâce à lui on n'a plus de tintouin.
On file, tranquille,
Son p'tit bonhomme de ch'min."


Décliné en produits dérivés de toutes sortes, Alfred est le premier grand produit du merchandising à la française.
Bien sur, l'heure de gloire passée, la renommée d'Alfred s'estompe, mais le pingouin recouvre la notoriété en 1981 à Angoulème, lorsque l'on renomme les récompenses du Salon International de la BD en Alfred (en 1989 ils deviendront des Alph'Art).



illustrations © 1995 éditions Glénat et Greg

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LES DEUX PINGOUINS


Nos polaires  bestioles inspirèrent même Walt Disney pour une Silly Symphony. Ainsi "Peculiar penguins" est réalisé en 1934, et la version BD, assurée par Ted Osborne (scénario) et Al Taliaferro (dessin), paraît en planches dominicales avant la sortie du court-métrage, de juillet à septembre. LE JOURNAL DE MICKEY la publie début 1935, traduit en "Les deux pingouins". Et Polly et Peter sont francisés en Julot Pingouin et Miss Pingouine.

JOURNAL DE MICKEY n° 18 - 17 février 1935

Le mâle séduit la belle, mais une dispute les sépare. Polly vexée s'en va dans l'océan, où un requin aux dents acérées tente de la croquer. Ni une ni deux, Peter plonge au secours de sa belle et vainc le prédateur. Le cœur de Polly lui est alors acquis.
En 1953 une deuxième version, due cette fois à Harvey Eisenberg (qui deviendra plus tard un maître des "Tom and Jerry") paraît dans un 'Giant Dell Comics' (n°4). L'histoire est légèrement modifiée.


© Disney
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FIFRELIN (et Trompalœil)



Une petite découverte qui date de 1949 et 1950, dont se souviennent seulement les lectrices (et leurs frères peut-être) du catholique BERNADETTE. Une première histoire, "Trompalœil et Fifrelin voyagent", et la seconde "Trompalœil et Fifrelin au zoo". Improbable duo, Trompalœil est un éléphant, Fifrelin un pingouin. L'un et l'autre se complètent dans leurs aventures, même si le pingouin apparaît plus malin que son énorme compère.



"Trompalœil et Fifrelin au zoo" se déroule en seize planches parues en dernière page de l'hebdomadaire de La Bonne Presse, d'avril à août. L'action se déroule dans un zoo, où Fifrelin tente, avec l'aide des autres pensionnaires, d'échapper à la surveillance du gardien.



Les animaux sont représentés en un style semi-réaliste, dans leurs aspects naturels, et sont doués de parole. Non seulement ils communiquent entre eux, mais il répondent au gardien. On ignore qui est le dessinateur de cette bande (si vous le savez, n'hésitez pas) quelque peu irréaliste, publiée dans un journal qui se veut sérieux et éducatif



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PINGO




Les petits ou grands danois qui lisaient le BERLINGSKE AFTENAVIS au début des années 50 ont été les premiers à découvrir les aventures enfantines d'un ourson et de ses amis, embarqués vers l'inconnu sur le gode skib Mary. Parmi l'équipage du bateau, un certain Pingo, manchot de son état, doté d'un nœud papillon pour seul attribut.

Fidèle compagnon de Petzi, Pingo l'accompagne de sa maladresse et de sa gentillesse, et parfois sort l'équipage de mauvais pas. De plus on le retrouve souvent à la barre de la Mary.




L'album "Petzi chez les pingouins" nous permet de rencontrer la nombreuse famille de Pingo. Les cousins, arborant tous des nœuds de cravates, le grand-père, qui ne connaît pas le nombre de ses descendants, la grand-mère, qui fait cadeau à son petit-enfant d'un nouveau nœud papillon, et bien sûr d'une montagne de crêpes, comme c'est l'habitude dans cette bande.


Pas facile de distinguer un cousin d'un autre...
Si l'on observe la couverture de l'album "Petzi au Pôle Nord", on remarque que le seul qui ne tienne sur ses patins à glace est notre brave Pingo. Un comble pour un habitant des régions glaciaires...



© P.I.B.
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FRISQUET


A l'origine Chilly Willy est un personnage de dessin animé, issu de la galaxie Walter Lantz. Sa création date de 1953, graphiquement par Paul J. Smith (animateur et réalisateur chez Lantz, notamment sur Woody Woodpecker). La particularité de ce manchot, outre le fait qu'il vive en Alaska où l'on trouve que des pingouins, est qu'il soufre énormément du froid. Et Chilly, dont le nom évoque un piment, et donc le feu, passe son temps à chercher à se réchauffer. Mais il se heurte souvent à un cerbère qui l'en empêche, le chien Smedley.
Parmi les autres personnages récurrents, l'ours Maxie, l'albatros Gooney, Wally Walrus le morse, ou le tristement dénommé colonel Pot Shot, seul humain.


Avec son éternel bonnet vissé sur sa tête, Chilly Willy est adapté en bande dessinée comme les autres personnages du studio Lantz, dans des comics édités par Dell. Il apparaît d'abord en compagnie de Homer Pigeon, qu'il éclipsera par la suite pour détenir son propre titre. Dans ces comic books, on s'éloigne de l'esprit du cartoon, d'autres personnages apparaissent, mais notre manchot recherche toujours la chaleur.
Parmi les dessinateurs de la bande, on cite notamment Vive Risto, dont voici une planche :


Dessiné par Vivie Risto

Voici comment Chilly est devenu un éternel frileux (NEW FUNNIES n° 212, octobre 1954)

En France plusieurs récits sont repris, où le manchot est subtilement renommé Frisquet, dans divers titres de la Sagédition, comme PIKO, WOODY WOODPECKER et la 'Collection TV'.


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NESTOR


Il ne fallut pas longtemps au ventriloque David Michel et sa marionnette pour connaître le succès. On est en 1973, et le dénommé Nestor, espiègle au grand cœur, grand amateur de chocolat, conquiert les téléspectateurs de l'ORTF. Le 45 tours de "La pêche aux moules" se vend comme des petits pains, de même que les peluches et autres effigies.



L'éditeur Jean Chapelle s'empresse de l'adapter en BD. D'abord la MCL publie deux albums en 1974 et 1975, dessinés par Norbert Fersen.
Puis la SFPI lance le mensuel NESTOR (qui devient très vite bimestriel), de format moyen, où le pingouin tient la vedette. Les couvertures sont signées pour la plupart Fersen, alors que les histoires intérieures sont dues à Gen-Clo, Fersen, et quelques tacherons. Il en paraitra 28 numéros, de janvier 1975 à avril 1979.


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PINGU


On évoquera rapidement Pingu, autre vedette de la télévision, car on ne compte aucune adaptation en BD, si ce n'est des livres illustrés.
Pingu évolue au sein de sa famille, avec papa facteur, maman à la maison l'igloo, sa petite sœur Pinga, et ses copains dont Robby le phoque acrobate.
Destinée au plus petits, divertissante et didactique, la série "Pingu Show" est une réalisation helvético-britannique qui date de 1986 (1ère diffusion sur la BBC). En France, on la retrouve à partir de 1994 sur FR3.
Créée par Otmar Gutman, qui explique sa démarche ainsi : " Montrer ce qui est fondamental chez l'ensemble du monde animal, à savoir la chose simple que nous ne sommes rien sans l'autre. L'utilisation d'un pingouin permet ensuite, outre qu'elle suscite la sympathie, de varier sur des thèmes aussi variés que l'écologie, le réchauffement climatique, l'absence de ressources. Bref la rareté d'hommes et de nourriture que pourrait amener un monde économique intégral. "
En fait, Pingu est un altermondialiste.

© The Pygos Group

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PINGOUIN


L.L. De Mars, le promoteur de la LAL, la Licence Art Libre, et dessinateur touche-à-tout, a publié sur son site Le Terrier de nombreux cartoons présentant nos volatiles via son humour décalé. Peu jouasses, les pingouins de De Mars nous livre une vision pessimiste de leur sort, de notre sort, mais nous font sourire tout de même. Plutôt qu'un discours sur le talent de l'auteur, voici quelques vignettes :



Vous en trouverez bien d'autres ici. Plusieurs parsèment la Balise à Cartoons dans SPIROU en 1997.
Deux recueils sont édités par [treize étrange] en 1996 et 1997, repris en intégrale augmentée d'un fascicule intitulé "Histoires naturelles" par Tanibis en 2005. Ce cahier comprend des gags en une planche couleurs, parus dans SPIROU et L'ECHO DES SAVANES, consultables ici.


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68 pages de pingouins


SPIROU envoie la sauce en 2006 avec un numéro spécial pingouins (26 avril), présentant une couv' signée Bartschy.
Comme à l'habitude, les auteurs se mettent au diapason, et l'imagination se débride. Ainsi que le précise l'édito, "ce n'est rien de dire que le palmipède a la cote et qu'il inspire tous les auteurs maison ! Plaisir esthétique, graphique et insoupçonnable machine à gag, le pingouin, c'est de la balle !"


Pour le plaisir, voici quelques uns de ces gags.


 
Salma



© Spirou Editions Dupuis 2006



Sergio Salma, qui fournit plusieurs gags pour ce numéro, s'était déjà penché sur le cas des pingouins dans un album titré "Ice Fred" (Casterman, janvier 2004). Fred, c'est le petit malin de la bande, doit faire face à l'adversité qui frappe son peuple. Pas facile, par exemple, de se reproduire quand tous les congénères se ressemblent.
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GIVRÉS !
Madaule


C'est dans ce numéro 3550 de SPIROU qu'apparaît la série de Bruno Madaule, au titre évocateur, annonçant à la fois le climat de la bande et la santé mentale de ses protagonistes. En fait ces pingouins ne sont pas si fous que cela, car le regard qu'il portent sur la société humaine est certes cynique, mais plutôt salutaire. Il porte à rire.

Le premier gag de la série

Ces drôles d'oiseaux, au bec fin et super long, présentent un aspect éloigné de leur réels congénères. Y'en a des gros, des petits, des chevelus, des qui fument le cigare, des qui fument du cerveau. Ils évoluent dans les glaces, comme il se doit, et subissent de fait les effets de l'effet de serre. Des ours blancs les utilisent parfois comme ustensiles (skis, fer à repasser), des chameaux du désert s'intéressent à leurs glaçons recyclés, et des touristes les prennent en photo, avant qu'ils ne disparaissent...


S'ils n'observent pas la dégradation de leur environnement, les Givrés s'occupent souvent à jouer à la pétanque, ou se faire une soirée télé. Pas si éloignés de nous, quoi...
Le graphisme évolue, l'univers s'étoffe, à partir de 2013 Madaule s'adjoint l'apport du scénariste Amalric.


Déclinée premièrement en gags en une planche, la série paraît bientôt sous forme de strips ou de récits très courts. Deux mini-récits sont publiés dans SPIROU en 2009 et 2010. Étonnement aucun album classique chez Dupuis, mais plusieurs en 2016 sont édités (en tirage limité) par la structure interactive internet Sandawe, un recueil de strips, un album intitulé "L'origine", et une intégrale de 175 planches.

Planche parue pour le nouvel an 2016
© Spirou Editions Dupuis

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MENTALO (& Grenadine)
Colonel Moutarde

Mentalo est un concentré de malentendus. Déjà la petite Grenadine espérait un éléphant, ses parents lui offrent pour Noël un pingouin. Ensuite, comme il l'assène lui-même, et malgré l'étiquette du paquet-cadeau, il est un manchot, pas un pingouin. Enfin, quand ayant trop froid il se couvre d'une chaussette percée la tête et d'une cape le dos, la petite inuit le prend pour un super-héros, ce qui le ramène dans les bonnes grâces de la fillette, épatée qu'elle est.

Ce qui arrange Mentalo, c'est qu'il a trouvé un foyer, seulement Grenadine ne lâche plus son héros, et n'a cure de l'envoyer en mission (ou à l'entrainement). Mais intelligent, cultivé et chanceux, le manchot se sort plutôt bien de ces situations ambiguës. Prétentieux, on lui découvre également une attirance certaine pour les spéculations boursières, le gain qu'il peut en retirer, et pour l'argent en général. Culinairement, il préfère un bon petit plat de légumes plutôt que le sempiternel poisson dont raffole Grenadine.



Colonel Moutarde crée cette série pour le regretté magazine CAPSULE COSMIQUE (n°6, février 2005), puis deux albums sont édités par Milan en 2006 et 2007 (repris dans la collection 'BD Kids' en 2011 et 2012). "Grenadine et Mentalo" est adapté en dessin animé en 2010, en une série de 78 épisodes.


© Colonel Moutarde - Milan

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LE PINGOUIN VOLANT
Pierre Wazem


L'auteur suisse Wazem, dont on connait plutôt l’œuvre sérieuse, s'offre un intermède humoristique en se penchant sur le cas d'un pingouin qui n'a qu'une ambition, voler. Professionnellement équipé d'un casque d'aviateur et d'une écharpe, notre entêté va tout tenté pour accéder à son rêve. Malheureusement il a du mal à accepter que la nature l'ait pourvu de deux ailes atrophiées, en rien capables de l'arracher à la terre glacée, même d'un centimètre.


Sauter du haut d'une falaise, se lier à un oiseau, utiliser un canon pour le propulser, rien n'y fait. Il n'y a guère qu'une grosse baffe de la part de l'ours polaire qui l'envoie valdinguer plusieurs mètres plus loin pour donner l'illusion d'un vol.
En rêve il y arrive, et ce ne sera que par ce biais, qu'il partagera avec une pingouine rencontrée en fin d'album, qu'il continuera à voler. Mais n'est-ce pas notre lot de pingouins d'humains de poursuivre des chimères ? Bon vent à toi, pingouin, dans cette inaccessible quête !


Plusieurs de ces gags en une ou plusieurs planches sont parus dans SCIENCE & VIE DÉCOUVERTES, tandis qu'un album de 30 planches est édité par la structure genevoise La Joie De Lire en janvier 2007.


© Wazem - La Joie de Lire
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ET TOUT PLEIN D'AUTRES

BOULE DE POILS ET MON CANARD
Marc Boutavant


Un petit album à l'italienne publié chez Le Seuil Jeunesse en septembre 2001, qui nous raconte une course-poursuite dans les étendues glacées du Pôle Sud. Un ours blanc, Boule de poils, entreprend d'attraper un manchot pour son déjeuner. Mais celui qu'il convoite, Mon Canard, se révèle par sa ruse et ses fantaisies ardu à saisir, et la chasse devient autre chose.



COIN-COIN, L'HOMME MANCHOT EMPEREUR
Guillaume Bouzard

Bon évidemment, avec Bouzard, faut pas s'attendre à ce qu'on attend. Il reprend plusieurs thèmes, Tarzan, l'enfant sauvage, voire Le Petit Prince, colle ça dans son mixer, et en sort cette histoire délirante. Un avion s'écrase sur la banquise, et pas de bol pour le pilote, c'est Robby, manchot local, qui lui vient en aide. Amateur de beaux moteurs, il s'intéresse plus à l'engin qu'au moribond. Exemple de cet humour décalé typique de l'auteur. L'album en est truffé.
Coin-Coin est un petit être qui a été recueilli et élevé par des manchots. Parmi ses "congénères", il reste un abruti. L'arrivée de l'avion va engendrer une aventure loufoque, une épopée invraisemblable, où les codes explosent.
Prépubliée mais inachevée dans le PSIKOPAT de Carali, l'histoire paraît complète dans l'album édité par Six Pieds Sous Terre en décembre 2005.


POUNGI
Bastien Chanmax



T'as vu, la kaira a atteint les pôles. Tu te dis, ben ouais, pourquoi pas. Quelle idée ! Ces braves pingouins au style amidonné, coincés dans leur costumes, revêtent survet et casquette, et causent comme dans la cité ! Bastien "Chanmax" Vivès nous livre une version cartoon de ce que cela donne. En de multiples tableaux, il décline des scènes certes décalées mais combien satiriques.
Pingou, tout de jaune équipé, se la pète un max, et s'en prend autant qu'il en balance. Pas plus malin que ça, à l'égal de ses collègues, il parle fort, brutal, drague dans le même registre, s'embrouille avec les ours, et nous fait rire au final.
Deux albums recueillent ces dessins fouillés, sortis en 2006 chez Danger Public. On en retrouve sur le net ici ou , et un pilote animé a été réalisé en 2006. Sans suite, hélas.


OUF !
Peb et Fox

Dans cette BD on retrouve les thèmes relatifs à l’environnement et au réchauffement climatique, traités par la dérision et l'aventure. Un obus explose la banquise, trois spécimens de pingouins se retrouvent ballotés par les évènements sur leurs morceaux de glace. Le prof, le cinglé et le dépressif tentent de survivre aux éléments, et à eux-mêmes.
Un format poche pour cet album édité en mars 2009 par Diantre ! dans la collection 'Blop'. A l'origine une histoire réalisée lors des 24 H BD d’Angoulême en 2008 par deux copains lorrains, Fox et Peb. Ils la reprennent et la finalisent pour cet album.


Dans le WAPITI n° 264 de mars 2009, magazine auquel les deux compères ont collaboré, ils expliquent en un dessin une différence notoire entre un pingouin et un manchot. Merci les gars.


LE MANCHOT

Attention, un manchot peut en cacher un autre.

Arnaud Quéré place le sien sous un chapiteau de cirque. Il est clown, mais celui qui reçoit les tartes dans la figure, pas celui qui les lance, la vedette du duo. Malgré ses talents, la manchot reste dans l'ombre. Mais les circonstances pourraient bientôt lui être favorables. Un album Carabas sorti en décembre 2007.



Le manchot de Boutanox est lui dans un paysage polaire, mais celui d'Artique d'après l'auteur. La plupart du temps il devise avec un ours blanc, vu qu'il n'y a pas grand monde dans le coin. Il s'agit là de strips, dont l'humour grinçant fait rire jaune. Deux recueils, chez Comics Trip, en 2014 et 2015.


L'EMPEREUR NOUS FAIT MARCHER
Jean-Luc (sc) et Philippe Coudray (d)


La couverture reprend l'affiche du film
On ne dira jamais assez combien le long métrage "La marche de l'empereur" (sorti en 2005) a facilité l'attrait du grand public pour nos amis sphénicidés. Deux frangins éminents spécialistes de la faune de papier se penchent à leur tour sur le cas de ces petits rois de la banquise. Leurs fines observations se retrouvent en strips de deux cases rassemblés dans l'album ci-dessus cité, édité par La Boîte à Bulles en novembre 2006. Ainsi l'on découvre nombre de menus détails qui avaient échappé à Luc Jacquet le réalisateur du documentaire. Et les manchots nous apparaissent différents.
Les frères Coudray reprennent des gags déjà parus dans "Drôles de manchots" en 1989 (Hachette), et ajoutent des inédits. Une réédition elle aussi augmentée paraît en novembre 2013, re-titrée "Les manchots sont de sacrés pingouins" (La Boîte à Bulles aussi).
C'est beau, la science, à ce niveau.

Et ça marche même en japonais.


GERALD LE PINGOUIN
Mathieu Letessier

En voici un qui ne dégénère pas de Chilly Willy. Aussi frileux que lui. Mais si cela se passe plutôt bien pour Willy, pour Gérald c'est une autre paire de manches (-ot)...
Car Gérald, par ses claquements de dents (oui, il en est pourvu), dérange ses nombreux congénères agglutinés sur la banquise, qui le virent. Et là la malchance poursuit le malheureux frileux dans ses aventures. Vraiment, pas facile de cultiver sa différence quand tout le monde se ressemble.

Album paru en juin 2006, édité par Carabas dans sa collection 'Les Petits Chats Carrés'.



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Serait-il opportun d'évoquer celui-ci, The Penguin, illustre ennemi de Batman, dont l'apparence rappelle celle de nos amis. Ce nabot corpulent au long nez pointu, issu d'une puissante famille de Gotham mais opposée aux Wayne, se présente comme un des patrons de la pègre des plus craints. Oswald Chesterfield Cobblepot dit Le Pingouin.

Ce personnage apparaît dans DETECTIVE COMICS n° 58 en décembre 1941, créé par Bill Finger et le dessinateur Bob Kane.



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