ARIOL fait le mariol

ARIOL



Pub du début des années 2000
Histoires écrites par Emmanuel Guibert et dessinées par Marc Boutavant, publiées à partir de 1999 dans le magazine de Bayard-Presse J'AIME LIRE, sous formes de récits de 10 planches. Elles sont d'abord reprises en petits albums souples dans la collection 'Bayard Poche' en 2002-2003 (4 volumes), puis en albums 'Bayard BD' à partir de 2004, avant d'intégrer la collection 'BD Kids'. Le 15ème tome, "Touche pas à mon veau", est sorti en novembre 2019.
Ariol connaît la consécration du grand public avec une adaptation en dessin animé en 2009, plutôt bien faite et respectueuse de la BD.


A l'instar de Flaubert, Emmanuel Guibert peut proclamer "Ariol c'est moi !". L'auteur de "La guerre d'Alan" et du triptyque "Le photographe" crée ce personnage afin d'évoquer sa propre enfance, se remémorant anecdotes et sentiments, replacés dans un contexte actuel.


Ariol est un ânon, enfant unique de Avoine et Mule Picotin. Il a sa mamie maternelle, Asine (papi Ongulé est au ciel et au cimetière), et ses grands-parents paternels Atole et Annette qui vivent au bord de la mer. Il a neuf ans, est en CM1 au groupe scolaire de Miremont, et il a un super copain, Ramono.
Ariol aime bien le foot, et pas trop l'école. Mais quand même, c'est là qu'il retrouve ses copains, et Pétula, son amoureuse. Il ne rate pas un épisode de son héros favori le Chevalier Cheval. C'est un enfant très sensible, et les scénarios mettent en valeur ses émotions et sa façon de comprendre le monde, à partir des petits riens de tous les jours.


Les personnages de la bande sont donc des animaux anthropomorphes, représentés dans un style caricatural, alors que le décor dans lequel ils évoluent est dessiné de manière très réaliste. Est-ce une façon pour le dessinateur de montrer les gens par le prisme de l'enfance, par un regard très fantaisiste ?



Parmi les espèces protagonistes, la variété est de mise. Ariol est un ânon, Ramono un porcelet, Pétula est une vachette. Dans la classe on y trouve mouton, lapin, chien, chat, cheval, chèvre. Des oiseaux aussi, poussin, canard, oie. Vanesse est une grenouille, et l'originalité, Bisbille, première de la classe et amoureuse de Ariol, est une mouche. Bien que très petite, elle est évidemment disproportionnée. Toutefois ses parents sont de même taille que les autres parents.


Ce sont donc là des animaux de chez nous, simulant une population plutôt du terroir. Pourtant les histoires d'Ariol se situent dans une grande ville, surement Paris car il prend le métro avec Mamie Asine. On aurait alors imaginé une faune plus bigarrée, présentant des animaux d'ailleurs (singes, félins, reptiles ou antilopes). C'est peut-être le cas avec le directeur de l'école, qui semble être un singe.



Pour en savoir plus sur la série, visiter le site officiel d'Ariol ici même. On y apprend par l'interview de Guibert l'origine du personnage (dont le nom vient du kabyle), mais hélas rien sur le choix d'une bande animalière, et pourquoi un petit âne bleu comme héros ? Guibert était-il un cancre ?


Le timide et l'indifférente



On le sait, Ariol est totalement épris de Pétula, mais est incapable de lui dire. D'ailleurs la pétulante vachette ne lui montre guère de tendresse en retour, ce qui ne touche pas l'ânon plus que cela, conquis qu'il est.
L'histoire de "Où est Pétula ?" est intéressante notamment parce qu'elle nous montre un Ariol sans ses copains, ce qui fait qu'on perçoit mieux sa personnalité. Il est invité à manger par Mme Mâchicoulis, la maman de sa petite chérie. Aux anges, imaginant le plus beau, Ariol va vite se rendre compte que la situation lui échappe. A cause de son extrême timidité.
 C'est un enfant rêveur, sensible, et pour ne rien arranger amoureux. Il se voit en Chevalier Cheval, mais il n'est qu'un jeune ânon.




Prenant son courage à deux mains, il ravale ses angoisses et sonne à la porte, après maintes hésitations. Un immense taureau lui ouvre, le papa, un camarguais. Tremblant, maladroit, sans assurance, le petit âne découvre l'univers familier de Pétula, et sa chambre, girly à souhait. Mais le père, collectionneur de cloches, et le frère, ado fan de hardcore, monopolisent Ariol, Alors que Pétula a disparu !
Au final Ariol passe peu de temps avec sa copine, impressionné et lassé, il n'aperçoit même pas l'indifférence de Pétula à son égard, plongée qu'elle est dans la légende du Minotaure. Lui rêve de la marier, alors que pour elle ce n'est qu'un copain de classe. Haaaa ! Ingratitude !


Une série qui dure

Voilà plus de 20 ans que Ariol et les siens sont hôtes du mensuel J'AIME LIRE. Parmi les appréciations citées en fin d'album, celle-ci d'un jeune lecteur : "Ariol, d'abord on le lit, après ça nous arrive ! "
Les histoires de Guibert sont magnifiques de justesse, évoquant le quotidien des enfants de banlieue, les questions qu'ils peuvent se poser à cet âge ou les angoisses qu'ils ressentent. Et avec un humour stimulant. Le graphisme de Boutavant a su évolué concernant la représentation des personnages et des décors, tout en préservant la mise en cases de quatre vignettes, adaptée au format des J'AIME LIRE. La lecture est ainsi facilitée, les grands et petits s'y retrouvent.
La justification d'un traitement des histoires par le biais du zoomorphisme s'observe particulièrement à travers les dialogues, jouant sur les expressions liées aux animaux. Bête comme un âne et sale comme un cochon ne plaisent ni à Ariol ni à Ramono. La mamie Asine, qui se protège du troupeau de bêtes à cornes à la débauche, craint que son petit-fils ne la fasse tourner en bourrique. Ou l'agneau Pharamousse qui se plaint d'avoir mal aux gigots. On jubile. Une série donc qu'on est prêts à suivre, comme des moutons...


Illustrations tirées de plusieurs J'AIME LIRE, et des albums "Les trois Baudets" et "Où est Pétula ?", collection 'BD Kids' © Guibert-Boutavant, Bayard Éditions.


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