WOFI, du gag à la grande aventure

WOFI

 
La première planche, dans SPIROU n°2010

Bande réalisée par Blesteau, qui trouvera la consécration avec les gags de Toupet. Wofi est un petit chien (par la taille), sans notion de race précise. Tout blanc, une grosse truffe noire, deux fines oreilles pendantes et un collier (de chien) autour du cou le caractérisent. Étrangement il est le seul sans vêtements, hormis un bonnet à pompon, coiffure qu'il gardera par la suite.
Tous les personnages sont des animaux, principalement des chiens, anthropomorphes. Les premiers récits de la série, apparue en 1976 dans SPIROU, sont des gags, en une ou deux planches. Wofi est alors un personnage sans relief, nonchalant et oisif, un composé de Droopy et Cubitus, un tantinet vantard, avec une tendance à la maladresse.


Apparaissent ensuite les personnages de Gros Lulu, le copain balèze mais lourdaud, et Cléo, une amie autoritaire et moralisatrice mais sympa. Ces deux-là accompagneront Wofi quand Blesteau cesse les gags pour lancer ses héros dans la grande aventure.


 Dans SPIROU toujours en 1979 "Fables et attrapes" est le premier récit à suivre de la série. Suivront "L'escadrille" l'année suivante, "Le clan des dix–doigts" en 1982 et "Wofi prend le maquis" en 1987. Dupuis reprend les deux premiers en albums, MC Productions édite le 3ème en 1989, puis La Vache Qui Médite prend le relais à partir de 2011 en reprenant l'intégralité des gags dans le recueil "On va s'éclater", édite en album "Wofi prend le maquis", et un inédit "Wofi contre Krocodilos" en 2013.


Avec les longs épisodes Blesteau affine les personnalités. Wofi devient plus entreprenant bien que peu enclin aux exploits, et l'exercice de la photographie permet de l'envoyer en divers endroits où l'aventure l'attend. Il peut alors compter sur Gros Lulu, quoique, sa bêtise et son appétit vorace ne sont pas souvent de grand secours. Wofi se tourne plus volontiers vers le professeur Placebo de Mézidon pour résoudre les problèmes auxquels il est confronté, que ce soit le complot de mercenaires ou un coup d'état au Bel-Canto.


Par contre Cléo, si elle gagne une blonde chevelure sous son éternel chapeau, n’apparaît plus guère qu'en début de récit pour une touche d'humour, ou d'humeur. Le journaliste du Clairon Robbie, un renard, et le Capitaine Caporn, un morse, interviennent dans les aventures, notamment dans l'épisode "L'escadrille".


La variété des animaux représentée augmente aussi. Toutefois certaines espèces échappent à anthropomorphisme, principalement des oiseaux, et même des moutons, gardés par un berger allemand, comme il se doit, dans "Le clan des Dix-Doigts".
Dans cet épisode essentiel, nos héros sont enlevés par un homme, primaire certes, mais homme. Wofi et Gros Lulu devront affronter deux tyrans qui, à la tête d'une armée de robots, les Subtus, veulent imposer leur pouvoir à tous. Alors que l'univers de la bande ne comportait que des personnages animaux, Blesteau intègre des humains, et nous livre l'explication de ce phénomène.


Il est rare que dans une série animalière où des animaux occupent le rôle des hommes ou femmes, qu'un auteur ait le besoin d'inventer une explication afin de légitimer un choix. Ici, après une guerre nucléaire, les rescapés humains se terrent dans le sous-sol alors que les animaux survivent à la surface. Les radiations provoquent une mutation et les animaux-humains érigent leur civilisation. C'est ainsi que Wofi et Gros Lulu, qui ne possèdent que huit doigts à leurs mains, rencontrent le clan des Dix-Doigts, les hommes.


Cette série qui s'adresse aux petits comme aux grands est plus élaborée qu'on pourrait le penser. Derrière ce graphisme tout en rondeur, inspiré de Peyo, se cachent des thèmes plus adultes; notamment la lutte contre le pouvoir extrême et l'autoritarisme. Wofi, d'apparence bonhomme, se révèle anti-autoritaire, antimilitariste et écologiste (il sauve une usine de production d'énergie solaire). Pas mal pour un petit bout de chien.

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