
A ce jour on compte une petite vingtaine d'albums édités en France, chez Atrabile d'abord, puis Carabas. Il signe dessins et textes, mais fait une exception sur "L'île aux cent mille morts", réalisé sur scenario de Fabien Vehlmann et publié par Glénat.
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Tragique épopée truffée d'humour froid, où les scènes s'enchainent et les dialogues font mouche. Très drôle et rudement bien mené, Le Dernier Mousquetaire nous embarque dans un univers propre au norvégien, construit de situations statiques mais tellement expressives.
Les animaux de
Jason sont toujours les mêmes. Chats, chiens, ours, lapins, oiseaux
genre corbeau, habillés de haut en bas sauf les pieds. Personnages
très stylisés dont la race ne détermine en rien leurs
spécificités, au contraire, et ne faisant preuve d'aucune émotion
sur leurs visages, c'est aux lecteurs de faire la part des choses.
Jason
nous explique ainsi le choix de protagonistes animaux :
"J’aime bien les personnages animaliers parce que chacun peut s’identifier à eux ; c’est pour ça que des bandes dessinées comme "Mickey Mouse" sont devenues aussi populaires dans le monde entier. Les chats, les chiens, les lapins sont les animaux les plus communs... Tu peux les trouver partout, et donc t’identifier à eux. Je ne pourrais pas imaginer des personnages éléphants, sauf si mon histoire se passait en Afrique, par exemple. J’ai vu que des jeunes auteurs ont gardé cette idée du monde animalier ; on en a parlé avec Lewis Trondheim, et ce qu’il m’a dit m’a conforté dans ce choix."(http://www.evene.fr/livres/actualite/interview-jason-tue-adolf-hitler-bd-644.php)
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Dans Je vais te
montrer quelque chose (sorti en 2004 chez Carabas, couleurs:
Hubert), Jason aborde le thriller. Alex se retrouve accusé du
meurtre de son meilleur ami, alors il fuit la police. Géraldine lui
vient en aide, et peu à peu ils découvrent la vérité, et qui se
cache derrière l'assassin.
Planche 9 |
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Planche 43 |
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C'est le genre de BD que l'on hésite pas à relire, y découvrant ce qui nous avait échappé auparavant.
Le secret de la momie est un recueil de gags et histoires courtes publié par Atrabile début 2007. Tout en noir et blanc, cet album réunit une galerie de maléfiques héros de la littérature ou du cinéma populaires. On y croise bien entendu la Momie, toute enrubannée, Dracula et ses dents de vampire, menacé d'un homme muni d'un pieu et d'un maillet, l'Extra-terrestre avec ses antennes et sa soucoupe volante, le Loup-garou qui se transforme les nuits de pleine lune, l'Homme des cavernes, armé d'une massue pour conquérir les femmes, la créature de Frankenstein version Boris Karloff, pourchassée par les paysans furieux. Ils sont tous là ! Même Godzilla, Elvis Presley, les zombies, un ange et un démon, le squelette vivant...
Tous ces personnages de légende sont extraits de leur contexte et livrés à la vie d'aujourd'hui, et, tout en effectuant ce pourquoi ils ont été créés, se comportent finalement comme le commun des mortels. Paradoxal, non ?
On y retrouve donc les mêmes animaux stylisés typique de l'auteur, entre chiens, chats ou lapins, et oiseaux.
A la fin de l'album Jason nous fait cadeau de strips muets ou non, que je trouve plus drôles encore que les histoires qui précèdent.
C'est le genre de BD que l'on hésite pas à relire, y découvrant ce qui nous avait échappé auparavant.
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Dans l'album Attends... paru en 2000 chez Atrabile dans la collection Flegme, Jason aborde un récit intimiste, qui pourrait être autobiographique. Divisée en deux parties, l'histoire nous conte la déchéance du personnage principal, Jon (même prénom que l'auteur), persuadé d'être responsable de la mort son meilleur ami, Bjorn, alors qu'ils étaient enfants.
Récit sombre, parsemé de scènes surréalistes telles que l'apparition d'un ptérodactyle, ou ces hommes circulant en échasses, ou encore une bande de voyous représentés en zombies. On est bien chez Jason !
Planche 25 |
Les personnages sont toujours issus de l'univers "jasonien", animaux anthropomorphiques, chiens, lapins, chats, oiseaux, chevelures pour les femmes.
La première partie relate le temps des enfants, entre jeux, discussions sur les comics et sur les filles. Univers très bien rendu, avec des décors plus soutenus que dans d'autres œuvres. Dans la seconde partie, Jon devenu adulte (la scène après l'enterrement avec Ingrid est particulièrement expressive) oublie ses rêves d'enfant, sombre dans l'isolement et l'alcool, jusqu'à...
Planche 52 |
Attends ... est un album à part parmi l’œuvre de Jason, qu'il vaut mieux éviter en état dépressif.
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Autre recueil paru en novembre 2011 toujours chez Carabas, Athos en Amérique rassemble six récits, mis en couleurs par Hubert. Le premier, "Cheval souriant" (22pl.) met en scène deux personnages, qui ont kidnappé une femme, qui leur promet la vengeance du Cheval Souriant.
Cheval souriant, pl. 10 |
Le second, "Un chat au Paradis" (36 pl.),
autobiofictif, raconte la violente séparation d'un auteur de BD (Jason) et de sa
compagne, puis la rédemption du premier.
Un chat au Paradis, pl. 2 |
Dans la troisième histoire,
"Le cerveau qui ne voulait pas Virginia Woolf" (30pl.), un scientifique
doit trouver un corps compatible pour sa compagne, qui n'est qu'une
tête.
Le cerveau qui ne voulait pas Virginia Woolf, pl. 1 |
"Tom attend sur la Lune" (22pl.) nous conte le destin croisé de
quatre personnes". Le cinquième récit "So long Mary Ann" (41pl.) place
Jack, un bandit en cavale, entre deux femmes; Mary Ann, qui l'a attendu
et aidé dans son évasion, et une demoiselle qu'ils ont pris en otage.
So long Mary Ann, pl. 33 |
Enfin "Athos en Amérique" (26pl) montre, lors d'une conversation
nocturne entre le mousquetaire et le barman, les contradictions de la
présence d'Athos en Amérique.
Des histoires très différentes, mais qui nous parlent d'un thème commun, l'espérance, ou plus précisément la foi en un avenir meilleur. Certains ne sont pas ce qu'ils voudraient être, d'autres sont prêts à tout, même au pire, pour arriver à leurs fins. Mais pour tous, l'aboutissement n'est pas celui espéré.
A travers ces protagonistes anthropomorphes, Jason pose un œil cruel sur notre sort d'humain, sur l'Humanité, sans concessions.
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De format standard, l'album Hemingway, est paru en octobre 2005 chez Carabas, avec des couleurs signées Hubert. Jason s'y amuse à mêler les genres, comme il nous a habitué, sur un ton très satirique. On est à Paris, le Quartier Latin, dans les années 20, où des artistes américains se retrouvent régulièrement afin d'échanger leurs idées, de commenter le monde littéraire, se questionnant sur leurs propres œuvres. De grands noms forment ce cercle d'amis : Ernest Hemingway, Ezra Pound, F. Scott Fitzgerald et l'irlandais James Joyce. Ces illustres personnes séjournèrent réellement dans la capitale française à cette époque, mais Jason en fait des auteurs de BD, au début de leurs carrières.
planche 22 |
Sans le sou ni succès, Hemingway étonne alors ses amis. Il propose de voler de l'argent, afin de se sortir de leur situation de misère ! Ainsi le coup est décidé, et le quatuor met en place leur plan. Mais le fragile Scott parle trop, et sa femme l’excentrique Zelda en touche deux mots à son amant français, Jean-Paul. Le hold-up ne se déroule pas comme prévu...
planche 26 |
La fin de l'album détaille les actes des différents protagonistes, et on comprend alors le nœud de l'intrigue.
à suivre
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